Page:Wylm - L'Amant de la momie, paru dans Le Matin, 24-10-1912 au 06-12-1912.djvu/37

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ses cheveux étaient dénoués et horizontalement tendus comme si quelqu’un les eût tirés avec force : elle tenait à la main sa Bible et répétait l’histoire des démons expulsés par Notre Seigneur du corps d’un possédé. Sa récitation pieuse était entrecoupée de cris de douleur et d’interjections telles que « Aïe ! — oh ! là là ! — assez ! — arrêtez ! Aïe ! Aïe ! »

La Bible vola au plafond, miss Dermott roula par terre ; un bruit de claques retentit, et la jeune fille poussa une exclamation déchirante, ses joues devinrent aussitôt rouges comme si elles eussent été frappées avec force.

D’un bond, Effie se releva et s’enfuit dans sa chambre, suivie de Betsy terrorisée. Une fois la porte solidement verrouillée, miss Dermott se laissa tomber sur son lit en pleurant à chaudes larmes.

— Oh ! Betsy, balbutia-t-elle, au milieu de gros sanglots, Edward est possédé du démon !

Betsy secoua négativement la tête

— Non, mademoiselle, c’est la chose.

— Quelle chose autre que le malin esprit ?

— La chose de la vitrine, mademoiselle, la momie. Mais n’en parlons pas maintenant, elle pourrait venir.

Elle vint en effet, comme si elle eût suivi les deux femmes. La chambre de miss Dermott fut bouleversée. Des mains invisibles jetèrent avec force tous les objets posés sur les meubles. On arracha violemment les draps du lit, la cousine de Rogers fut secouée et méchamment battue.

Ces accidents augmentèrent l’effroi des persécutées ; elles s’enfuirent une seconde fois, et coururent vers la chambre de Louise Morel, s’imaginant être poursuivies par d’insaisissables ennemis dont elles entendaient les pas derrière elles. Louise, réveillée en sursaut, ouvrit sa porte aux fugitives et leur donna asile pour le reste de la nuit, qui se passa sans nouveaux incidents.