Page:Wylm - L'Amant de la momie, paru dans Le Matin, 24-10-1912 au 06-12-1912.djvu/40

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tude, son malade était resté abandonné depuis plus de huit heures ; il n’avait pas eu de glace sur la tête ! Il n’avait pas pris sa potion ! Sans doute on l’allait trouver en proie à une fièvre épouvantable.

Martins constata au contraire que la température était redevenue normale, que Rogers dormait paisiblement, d’où il conclut que son traitement avait été des plus efficaces.

Rassuré par l’état du patient, Martins n’hésita pas à le réveiller pour l’interroger. Le précepteur se sentait tout à fait bien : il voulait se lever, reprendre ses occupations. Martins s’aperçut avec une stupéfaction grandissante que les dernières vingt-quatre heures n’avaient laissé aucune trace dans la mémoire de Rogers.

Ce dernier fut consterné en constatant cette amnésie.

— Voyons, Martins, mon vieux, ne me cachez rien. Suis-je très malade ?

— Non, mais il faut prendre des précautions.

— Lesquelles ?

— D’abord, il faut que je sache exactement ce qui vous arrive. Vous avez eu un délire très particulier, vous avez parlé charabia, vous paraissiez en difficultés sérieuses avec une demoiselle égyptienne, nommée Nefert-thi. Avez-vous quelque idée de ce que cela peut signifier ?

Rogers hésita longtemps avant de répondre. La question directe de Martins touchait au secret le plus intime de sa vie ; cependant le souci de sa santé triompha de sa confusion.

— Est-il bien nécessaire que vous le sachiez ?

— C’est absolument indispensable ; je ne pourrai pas vous conseiller convenablement si vous ne me dites pas toute la vérité.

— Elle est si extraordinaire !

— Raison de plus pour vider complétement votre sac. Songez que vous courez un grand danger ; vous vous exposez à aller à Bedlam.