Page:Wylm - L'Amant de la momie, paru dans Le Matin, 24-10-1912 au 06-12-1912.djvu/43

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qu’une suite de coïncidences et une fraude audacieuse.

Loin d’être de son avis, je suis disposé à croire que les événements qui survinrent en si grand nombre du 12 au 19 octobre sont dus au ressentiment de la momie. Si l’on consent à admettre que Nefert-thi, c’est-à-dire son double — ou son kâ, comme le disaient les vieux Égyptiens — a joui d’une vie nocturne relative, tout s’explique, tout devient cohérent et logique. Mais il faut admettre aussi que la princesse défunte était éprise de Rogers et que son départ la mit dans une irritation extrême.

Onze heures venaient de sonner quand un cri terrible, suivi de lamentations épouvantables, éclata comme un coup de tonnerre, glaçant d’effroi ceux qui l’entendirent. Jones, le majordome, conserva seul un peu de calme.

— Allons voir ce que c’est, dit-il en essayant de rester digne.

Personne ne bougea.

— Voyons, Kelly, O’Connor, Mac Donald ! seriez-vous des femmelettes ? Auriez-vous peur ?

— Nous n’aurions pas peur, monsieur Jones, si nous avions affaire à une personne vivante. Mais cela… c’est le diable !

Jones haussa les épaules, en homme qui sait à quoi s’en tenir sur le diable.

— C’est bien, j’irai seul.

— Je viens, Jones, je viens, fit alors Kelly. Nous autres catholiques nous n’avons pas peur du démon.

Le courage de Jones et l’exemple de Kelly déterminèrent les autres domestiques à suivre leurs camarades ; seul, Mac Donald resta avec les femmes, disant qu’il ne fallait pas tenter Dieu.

Jones et ses compagnons gravirent l’escalier. Les lamentations continuaient, à intervalles réguliers, leur bruit les guida ; aucun doute n’était possible, la personne qui gémissait se trouvait dans la chambre du précepteur.