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Page:Wylm - L'Amant de la momie, paru dans Le Matin, 24-10-1912 au 06-12-1912.djvu/72

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Comment la presse a-t-elle eu vent de ces faits ? Il n’a pas été possible de le savoir ; on a supposé que Leslie, cousin d’un rédacteur du Truth, a eu la langue trop longue ; mais il s’en est énergiquement défendu. D’ailleurs ce n’est pas le Truth qui a attaché le grelot, mais bien le Daily Mail.

La presse est une institution bien gênante pour les administrations, sir Septimus en est le triste exemple ; l’existence calme et pacifique de ce digne vieillard a été profondément troublée, et ses digestions aggravées au point qu’il a dû faire deux saisons à Vichy avant de pouvoir manger, sans suites fâcheuses, du pâté de foie gras. La première intrusion de la presse fut en effet une sorte d’agression personnelle contre le directeur du Museum.

Par une coïncidence fâcheuse, sir Septimus ne lisait pas le Daily Mail, qui est un journal à deux sous et ne convient par conséquent pas à l’aristocratie. Il n’apprit l’existence de l’article qu’à son club, où il allait jouer au bridge entre six et huit heures du soir.

Tout d’abord l’accueil qu’il reçut de ses partenaires habituels lui parut anormal ; ils manifestèrent une gaieté inaccoutumée, et s’enquirent de la manière dont il avait dormi, avec une sollicitude inusitée.

— Comment avez-vous passé la nuit, sir Septimus ?

— Mais très bien, très bien. Je vous remercie. Et vous-mêmes ?

— Très bien aussi, merci ! Nous pensions que votre sommeil avait été troublé.

— Troublé ?

Sir Septimus eût pâli si la chose lui eût été possible.

— Troublé ? Pourquoi voulez-vous que mon sommeil… ?

Un rayon de lumière pénétra dans l’esprit du directeur. Y avait-il une allusion dans ces propos d’apparence bienveillante ? Il fut bientôt fixé.

— Nous pensions que la momie vous avait dérangé ?