Page:Wyzewa - Beethoven et Wagner, 1898.djvu/173

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qu’on jouait devant lui l’adagio de ce quatuor, tout d’un coup il se retourna vers ses voisins : « Ne cédez pas à l’angoisse, leur dit-il, la joie va renaître dans un moment. « Il tenait le scherzo du quatuor en ut dièze mineur pour le chef-d’œuvre de toute la musique. De la sonate op. 106 il disait : « De telles choses ne peuvent être exprimées que pour soi-même : c’est un non-sens de les jouer en public ! »

Il disait encore : « Le même Beethoven qui dans sa musique de chambre a atteint les dernières limites de l’expression profonde et subtile, il a su, dans ses symphonies, devenir tout à coup un homme du peuple pour se faire entendre du peuple. Que l’on songe à la simplicité des thèmes et des développements de ses symphonies. Mais de cela ne se soucient point nos compositeurs d’à présent : ils ne cherchent qu’à produire un effet immédiat, et ils emploient indifféremment tous les moyens qui leur tombent sous la main. »

Enfin il racontait sur la musique de Beethoven une anecdote délicieuse : « C’était à l’Opéra de Dresde, en 1848, en pleine révolution. On donnait un concert où le roi et sa cour avaient cru devoir venir : ils avaient triste mine, et chacun dans la salle était plein de mélancolie. Au programme, la Symphonie écossaise de Mendels-