Page:Wyzewa - Beethoven et Wagner, 1898.djvu/207

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qu’il écrivait de Tristan nous le prouve assez. Mais ni les sentiments personnels, ni même les émotions artistiques n’avaient d’importance réelle pour cet amant de l’idée. Et, au point de vue des idées, il méprisait Wagner. Il le méprisait depuis le jour où l’art de Wagner avait cessé de servir de base à ses constructions ; ne s’y étant attaché qu’à cause d’elles, sous leurs ruines à présent il croyait voir le néant. Et il allait par le monde, toujours en quête d’une base nouvelle, mais sans pouvoir oublier qu’à celle-là quelques-uns de ses plus beaux rêves étaient restés attachés. Quoi d’étonnant que la grande ombre de Wagner se soit fixée, depuis lors, à l’horizon de sa pensée, et que douze ans durant il ait poursuivi de ses sarcasmes les plus amers l’homme dont le nom seul le faisait pleurer ?

(1897)