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Page:Wyzewa - Nos maîtres, 1895.djvu/12

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IV
NOS MAÎTRES


aussi vaine que les autres. Pas plus par la philosophie que par la science, l’esprit humain n’atteindra jamais le mystère des choses : car les choses ne sont pas destinées à être comprises, mais à être senties et aimées. C’est par nos sens et par notre cœur, nullement par notre raison, que nous entrons en contact avec la nature éternelle. Voilà ce qu’autrefois j’ignorais : mais il m’a suffi, pour l’apprendre, de relever les yeux, que j’avais tenus penchés sur des livres depuis mon enfance. Aliquid amplitis invenîes in silvis quam in libris. Les bois, le soleil, la mer, et le spectacle varié de la vie m’ont enseigné une métaphysique plus sérieuse et plus simple, et d’un usage infiniment plus commode, que toutes celles qu’on trouvera péniblement élaborées dans les premiers chapitres de ce livre.

T. W.
Paris, 28 février 1895.