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Page:Wyzewa - Nos maîtres, 1895.djvu/145

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NOTES
SUR L’ŒUVRE DE VILLIERS DE L’ISLE-ADAM[1]
(Revue indépendante, novembre 1886)

M. le comte de Villiers de l’Isle-Adam vit, depuis plus de vingt ans, à Paris, la dure vie de rhomme de lettres et du journaliste. Longtemps il fut presque ignoré : un récent article de M. Bergerat, dans le Figaro, a révélé son existence au public des deux mondes et fait vendre quelques éditions de son roman, l’Ère future. Mais ni l’Ève future, ni les deux volumes où M. de Villiers a réuni plusieurs de ses Contes, ni les drames qu’il a pu faire représenter dans nos théâtres, n’ont obtenu un véritable succès. La grande élite du public instruit aime trop les choses composées, définies, pour apprécier des œuvres sans équilibre,

  1. Ce grand écrivain vivait encore, lorsque furent écrites les pages qu’on va lire. Il est mort en 1890 : et je ne puis me consoler ni de savoir qu’il est mort, ni de penser que son œuvre est presque morte avec lui. J’avais naïvement espéré, je lavoue, que certains des Contes cruels, l’Amour suprême, le premier et le dernier acte d’Axel deviendraient un jour des pages classiques : et vraiment je ne vois pas ce qui leur manque pour être égales en perfection aux plus belles pages des maîtres anciens. Mais nous vivons dans un temps qui ne veut plus de chefs-d’œuvre.