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Page:Wyzewa - Nos maîtres, 1895.djvu/168

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NOS MAÎTRES

vants problèmes de la philosophie, ou bien des railleries à l’adresse de la société moderne. M. de Villiers a, tout ensemble, un style lyrique et un style ironique.

Ce n’est pas sans raison que M. Bergerat, naguère. Fa appelé le prince des fumistes. Quelques-uns des mots qu’il attribue à Bonhomet ont la plaisante valeur de nouvelles à la main. Ses romans, ses contes, ses dissertations abondent en saillies ayant à seule fin d’êtres drôles. Et déjà ces choses, malgré leur banalité, ont chez lui un caractère propre : une allure réfléchie, quasi philosophique, qui les rend moins immédiatement comiques, plus réellement drôles que les coqs-à-l’âne de nos vaudevillistes. Mais la véritable ironie de M. de Villiers n’est point dans ces cocasses aphorismes de Bonhomet, ni dans les poèmes en un ou deux vers qu’il perpètre, ni dans ses compkintes sur les crimes en vue. Il a énoncé sur ses contemporains, sur leurs mœurs et leurs croyances, des observations autrement cruelles ; et je crois bien qu’il a exercé une forme de l’ironie artistique à lui seul familière.

Ce qu’il raille ? Le monde nouveau, contraire aux natifs besoins de sa race ; les satisfactions épanouies oii suffit un vulgaire confort ; les admirations décernées à un prétendu progrès, qui aggrave seulement et multiplie les désirs ; les sécurités de nos béates philosophies superficielles, et notre universelle résignation aux réalités illusoires.

Il raille ces institutions vénérées comme les doit railler un esprit ayant vu foute l’immensité de leur