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Page:Wyzewa - Nos maîtres, 1895.djvu/173

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VILLIERS DE L’ISLE-ADAM

point chaudes et belles, et pleines d’une expressive tendresse, que par elles nous devinons le drame qu’elles escortent. Une fièvre de passion évoque, dans nos cœurs, les scènes — atténuées pourtant et combien pâlies ! — les scènes qui là-bas sont jouées, parmi les décors variés, dans le royal théâtre où nous ne pouvons pénétrer.


V

M. de Villiers est un prince, le dernier vestige d’une race évanouie, perdu au milieu de nos âges égalitaires. J’ai voulu montrer, de très rapide et incomplète façon, que l’évolution de son esprit et de son œuvre se devait expliquer par ces qualités princières de son tempérament. Il a médité les philosophies, rêvé les romans qu’un prince pouvait méditer et rêver. Il a considéré notre temps, nos occupations, comme un prince les pouvait considérer. Et. malgré la glorieuse richesse d’une souveraine musique, ses écrits, souvent, nous apparaissent fautifs, désordonnés, bizarres : parce que M. de Villiers est un homme différent de nous, incapable de s’astreindre à nos besoins comme à nos habitudes ; parce qu’il est un Prince.

Cette qualité l’aura du moins empêché d’être un de ces poètes qu’on a dénommé les Maudits. Tandis que d’exemplaires artistes, s’acharnant à produire pour un public idéal des œuvres parfaites, souffraient de voir leurs efforts rendus impuissants, et par l’impossibilité d’atteindre à cette