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Page:Wyzewa - Nos maîtres, 1895.djvu/179

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RENAN ET TAINE

théories meilleures, et que M. Renan ne jugerait point condamnables.

M. Renan, en écrivant le Prêtre de Némi, a-t-il voulu faire une œuvre d’entier scepticisme, ou seulement une critique de certaines doctrines inférieures, au nom d’une doctrine plus élevée ? Il faut, pour rapprendre, considérer l’ensemble de ses écrits politiques.

Mais les questions politiques, dans les ouvrages de M. Renan, sont inséparables des questions philosophiques. « Le Prêtre de Némi, nous dit-il, doit faire suite aux Dialoques philosophiques, à Caliban, à l’Eau de Jouvence. » Relisons donc ces écrits ; considérons, entière et logiquement déduite, la philosophie de M. Renan. Ainsi nous aurons plus de chance de comprendre la signification véritable du Prêtre de Némi.

« Vaine considération, impossible ! » dira-t-on ; et M. Renan nous le dira le premier. Cette philosophie, que nous voudrions tenir en ses déductions logiques, n’est rien qu’une série d’affirmations contraires. Les doctrines de M. Renan, sur tous sujets, sont d’un nombre indéterminé : et nulle d’elles n’est pleinement valable pour lui. Il énonce une thèse ; mais, lorsque nous l’avons comprise et crue, il nous fait voir qu’il ne l’avait énoncée que par manière de se moquer de nous.

Et telle est vraiment la première impression que donnent d’abord aux lecteurs les œuvres nouvelles de M. Renan. Ceux pourtant qui s’acharnent dans la naïveté aperçoivent bientôt que cette impression est produite par le jeu de quelques