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Page:Wyzewa - Nos maîtres, 1895.djvu/186

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NOS MAÎTRES

III

Le problème métaphysique est inévitable. L’Univers est la marche d’un état homogène à un état hétérogène : mais cette marche suppose un point de départ. Les choses ne se mouvant point du même au même, Téternité de leur mouvement est inconcevable. Il faut donc admettre, à l’origine, un état d’homogénéité absolue. Quel fut-il, et pourquoi n’a-t-il pas duré ?

À ce problème, trois solutions différentes, entre lesquelles se sont toujours partagées les philosophies.

La première est la solution des sceptiques et des positivistes : c’est la doctrine de Protagoras, d’Œnesidème, d’Auguste Comte. L’évolution des êtres est un fait positif, et que la science doit admettre. Mais l’origine de cette évolution, comme toutes les origines, la substance réelle des êtres, comme toutes les substances, sont au-dessus de ce que peut savoir la raison humaine. Une conformation spéciale de notre pensée nous borne, fatalement, à la seule connaissance des phénomènes : au delà sont les antinomies, et l’esprit se heurte à des possibilités opposées. Notre pensée ne peut sortir d’elle-même ; la certitude métaphysique est un psittacisme, l’affirmation de mots sous lesquels ne gît aucune idée possible.

La seconde solution est celle des idéalistes et des psychologues. Les anciens philosophes Éléates,