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Page:Wyzewa - Nos maîtres, 1895.djvu/219

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RENAN ET TAINE

pamphlets pour réclamer la réforme électorale et la liberté des cultes. Après quoi il était mort, ne laissant guère de lui un souvenir bien vif qu’à Macaulay, qui lui-même est mort depuis bien longtemps. Imaginez un jeune auteur anglais consacrant cinq cents pages à l’étude de la vie et des écrits de l’abbé Raynal, de Mably, ou de Mallet du Pan ! Le sujet choisi par M. Chevrillon n’a certes, en tout cas, aucun intérêt pour nous ; et l’on sent que pour M. Ghevrillon lui-même il n’a eu d’autre intérêt que de lui fournir un prétexte à exercer sa méthode. À aucun endroit de son livre vous ne trouverez la marque d’une réelle sympathie pour ce gros clergyman, le plus honnête homme du monde, mais le plus lourd, le plus commun, et désormais le plus inutile. M. Chevrillon nous répète bien qu’il était probe, éloquent, jovial ; et tout de suite il nous le prouve par d’abondantes citations, dont il nous transcrit le texte anglais au bas des pages, suivant la méthode de M. Taine : car il a tout repris de M. Taine, jusqu’à ses menus procédés d’intitulation et de mise en page. Mais avec tout cela il laisse sentir à chaque ligne, et parfois même il avoue expressément l’irrémédiable, la constante médiocrité de son bedonnant héros.

Si encore ce Sydney Smith avait été le chef, le fondateur, ou l’inspirateur d’un parti ! Il n’a été qu’un membre intluent du parti whig ; vingt autres, autour de lui, auraient eu au moins autant de quoi nous intéresser. Mais, s’il n’a eu d’importance véritable ni par sa personne ni par ses actes, Sydney Smith n’en était pas moins, quand on y