Aller au contenu

Page:Wyzewa - Nos maîtres, 1895.djvu/252

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
240
NOS MAÎTRES

Andromède, au départ de Persée, sont volontiers prêtes à trouver si douce !

Mais le chef-d’œuvre, parmi ces charmantes histoires, est l’histoire d’Hamlet. Tandis qu’il rédigeait un drame vengeur, le jeune prince pessimiste et névrosé a été saisi par la vanité littéraire. Cette vanité, désormais, lui donnera une incessante préoccupation ; à travers elle, il fera son métier d’Hamlet, qui esta se regarder vivre. Et c’est, en trente pages, parmi des détails d’une étrange gaîté, c’est toute la vie morale du littérateur d’à présent.


Il y a au monde quelques livres que la gloire ne connaît pas, qui sont subtils et doux, offrant à leurs très rares amis une incomparable joie : des livres qui ne sont point conformes aux règles des écoles, mais qui donnent à ceux qu’ils n’effraient point l’impression d’une âme s’y découvrant tout entière. Et j’imagine que, entre ces livres, les curieux d’un art délicat et unique aimeront les Moralités légendaires, comme aussi les Derniers Poèmes de mon cher Laforgue. Ces œuvres seront le plus sûr refuge des prochains des Esseintes contre la bcmalité des denrées quotidiennes. Et, comme la vie n’est rien sinon la présence dans un esprit, j’imagine qu’il y aura toujours deux ou trois esprits un peu nobles qui garderont, dans leur pensée, une chambre commode et tiède à ce frôle jeune homme ingénu.