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Page:Wyzewa - Nos maîtres, 1895.djvu/272

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II
DE L’ORIGINALITÉ EN LITTÉRATURE[1]
(Le Mercure de France, juillet 1893)

J’ai vu naître, depuis dix ans, un très grand nombre de nouvelles formules et de nouvelles écoles littéraires ; mais à peine les avais-je vues naître qu’elles mouraient, comme ces enfants dont on dit qu’ils sont trop beaux pour la terre. Et j’avoue qu’il m’en est resté une certaine défiance contre toute formule nouvelle, contre toute école nouvelle, peut-être même contre toute littérature nouvelle.

Un dimanche soir, au collège, mon voisin d’étude me dit qu’il avait rencontré une jeune fille rousse, nommée Sylvie, mais qu’il ne savait pas ce qu’il devait en faire. Je lui conseillai d’en faire un livre : et c’est à quoi mon ami s’appliqua, dès le lundi matin. Il s’y applique encore, le malheureux ! Il tient toujours son sujet, qui est toujours cette Sylvie avec ses cheveux roux ; mais à mesure qu’il se choisit un genre pour traiter son sujet, le genre qu’il

  1. À propos des Mimes de M. Marcel Schwob.