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Page:Wyzewa - Nos maîtres, 1895.djvu/297

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LA SCIENCE

soi, de l’autre extrémité dune ville. — non pas, à dire vrai, la princesse Marysia — mais une vieille rentière normande. Annulée, l’explication scientifique de M. Féré ! Car la rentière ainsi mandée n’a guère pu, à travers cent maisons, observer les grimaces faciales de celui qui l’attirait. Décidément la science avait saisi là un mauvais reflet : et la nature éternelle restait inexplorée. Je ne me résignai point : je priai mentalement M. Ochorowicz de me rassurer : je le suppliai de confondre ma nourrice, de rattacher les phénomènes de suggestion mentale au grand organisme vénéré de la science. Ma prière fut-elle assez vive pour agir à distance ? Il est sûr que dans les derniers chapitres de son livre. M. Ochorowicz tenta complaisamment le replâtrage souhaité. Il me déclara toutefois qu’il fallait me résoudre au bris définitif de quelques lois : à ce prix il sauverait le reste. Et il y fit des efforts bientouchants : mais, hélas ! il employait une théorie de l’inconscient, des cuuches indélinies de pensées, des douleurs non ressenties et des visions non vues : et je me forçais vainement à comprendre ces phénomènes psychiques que leur nature même condamnait à demeurer mystérieux. Mais l’explication totale de M. Ochorowicz pouvait, à la rigueur. se passer de cette ingrédience. Elle consistait à admettre toute pensée comme un mouvement produisant — et c’est la science même — d’autres mouvements, et à déclarer que le mouvement d’une pensée, lorsqu’il pénètre dans un cerveau préparé, y reprend sa forme originelle, devient à nouveau cette pensée. J’ébauchai toutes sortes d’arguments :