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Page:Wyzewa - Nos maîtres, 1895.djvu/304

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NOS MAÎTRES

qu’on se remette à faire tourner de nouveau le soleil, ce qui, raisonnablement, ne saurait tarder. Pareillement, les savants d’Europe tiennent pour impossible à jamais l’élévation spontanée d’un corps, l’apparition d’un esprit ; et les savants de l’Inde, leurs confrères, tiennent pour éternellement possibles et naturelles, en certains cas, ces mêmes manières d’agir. Ainsi va la science : infatigable à découvrir les lois fixes des choses, sans se dire un instant que peut-être les choses n’ont pas de lois fixes, que peut-être la cent mille unième expérience, celle de demain, sera toute différente des cent mille premières. »


L’esprit de ma nourrice disparut un instant, alléguant l’extrême faiblesse de son médium, qui lui prêtait sa matérialité. Mais bientôt elle revint, et reprit en ces termes :


« Or, sache-le, mon enfant, les lois naturelles ne sont pas invariables : elles changent avec la disposition des âmes humaines : et la raison, fort simple, en est que l’univers est l’œuvre de nos âmes, créé par nous suivant les divers motifs que nous pouvons avoir. Tu as ici, et je t’en félicite, une chambre des plus agréables ; mais cette chambre, ne sais-tu point que tu la connais seulement par l’idée que tu en as, et que rien, par suite, ne l’oblige à être autre chose que ton idée d’elle ? Comment ? Voilà des médecins qui passent leur temps à faire sentir à d’innocentes modistes des fleurs imaginaires, à leur faire voir des* couleurs imaginaires ;