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Page:Wyzewa - Nos maîtres, 1895.djvu/306

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NOS MAÎTRES

vénérer un peu moins. La science, c’est la fixation (toujours provisoire) de certains ordres de faits : c’est un premier effort de ta pensée à créer l’univers harmonieusement. Tu t’amuseras de ses hypothèses, si tu n’as rien de mieux à faire, mais en même temps tu te tiendras toujours prêt à les destituer. Et tu ne t’étonneras de rien, sauf peut-être de la sottise de certains hommes, et de la tienne donc, qui les fait ce qu’ils te paraissent. »

— Mais, ce n’est pas un programme ! m’écriaije. Ainsi, je serais toujours le jouet d’un leurre ! Que vais-je devenir, entre ces fantômes ?

— Tu te retourneras aux réalités immortelles, mon enfant ! Une joie, cela est positif, réel, apodictique. Recherche donc les vraies, les durables joies ! Si la science, si l’action ne te donnent pas une assez plaisante vie de création, reconstruis un monde nouveau au-dessus de celui que, dans l’habitude, tu projettes. N’as-tu point, sur ta table, les derniers quatuors de Beethoven ? Cela est bien supérieur aux ouvrages de tous les hypnotistes, fussent-ils de l’école de Nancy ; et tu y trouveras l’occasion de recréer un monde de pure passion, mais autrement réel et permanent que les mondes les plus garantis par les dernières lois scientifiques. Mais il est tard, et mon médium est tout à fait las. Adieu ! n’oublie point de le payer ! »


Par une réserve que l’on comprendra, et suivant l’exemple de MM. Ochorowicz, Gibier, etc., je ne citerai point les noms et les prénoms des personnes