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Page:Wyzewa - Nos maîtres, 1895.djvu/75

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L’ART WAGNÉRIEN

Que furent les premières émotions, et les premières musiques ? Nous pouvons savoir, seulement, que les émotions furent, au début, simples et peu nombreuses, fort vagues ; et que les musiques des nations primitives furent spécialement rvthmiques. Les monuments de l’Égypte, de l’Assyrie, nous montrent un emploi considérable, chez ces peuples, d’instruments à percussion, marquant les rythmes. C’est les sistres et crotales des Égyptiens, les cymbales et tambourins des Assyriens. Ces races traduisaient leurs naïves émotions par des mouvements sonores, sans nul souci de reconnaître une valeur spéciale aux divers sons. Un fait également certain est l’absolue différence du langage musical employé par ces premiers artistes, et de notre langage moderne. La musique des Arabes, par exemple, nous serait incompréhensible. Certains rythmes présentent, pour les Arabes, des significations émotionnelles contraires à leurs significations dans la musique européenne. Et notre musique, pareillement, n’offre aucun sens aux oreilles des Arabes.

Chez les Grecs, les émotions devinrent plus multiples et subtiles. Cependant les Grecs n’étaient guère disposés aux très vives émotions : ils se contentèrent d’une musique purement rythmée ; mais ils compliquèrent le rythme par la création des genres et des modes, formes mélodiques distinctes, répondant à des formes spéciales de l’émotion.

Et la musique des Grecs, assurément, ne nous serait pas aujourd’hui plus émouvante que celle des peuples antérieurs ; mais les Grecs, race de