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Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 2.djvu/106

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des hauteurs ; mais, avant que les ennemis se soient réunis, les troupes des hauteurs en viennent aux mains. Les Grecs ont l’avantage et poursuivent. Alors les peltastes grecs de la plaine courent sur ceux qui sont rangés en bataille, pendant que Chirisophe suit au pas accéléré avec les hoplites. Les ennemis restes sur la route, voyant vaincu le détachement d’en haut, prennent la fuite : il en périt un grand nombre ; on prend quantité de boucliers que les Grecs brisent avec leurs épées, pour les rendre inutiles. Arrivés sur les hauteurs, on sacrifie, on dresse un trophée, et l’on redescend dans la plaine et dans des villages pleins de toutes sortes de biens.


CHAPITRE VII.


Arrivée chez les Taoques. — Pas difficile à franchir. — On traverse le pays des Chalybes. — Passage de l’Harpase. — Arrivée au mont Théchès. — Joie enthousiaste des Grecs.


De là on arrive chez les Taoques, après avoir fait trente parasanges en cinq étapes. Les vivres manquent, parce que les Taoques habitaient des places fortifiées, où ils avaient transporté toutes leurs provisions. Arrivés à un endroit où il n’y avait ni villes, ni maisons, mais où se trouvaient réunis nombre d’hommes, de femmes et de bestiaux, Chirisophe le fait attaquer de prime abord. La première division est repoussée, une autre suit et une autre encore. En effet, il n’était pas facile d’attaquer ce fort avec des troupes nombreuses, vu qu’il régnait autour un escarpement à pic[1]. Xénophon étant arrivé avec les hoplites et les peltastes de l’arrière-garde : « Tu viens à propos, lui dit Chirisophe ; il faut forcer le poste ; l’armée n’a pas de vivres, si nous ne pouvons l’enlever. » Ils se concertent, et Xénophon demandant où est l’obstacle : « Il n’y a d’autre passage, reprend Chirisophe, que celui que tu aperçois ; et, dès qu’on veut passer par là, ils roulent des pierres du haut de ce rocher qui surplombe : quiconque y est pris est arrangé comme tu vois. » En même temps il montre des hommes qui avaient les jambes et les côtes brisées. « S’ils épuisent leurs pierres,

  1. Je lis ἀπότομον avec Weiske, plutôt que ποταμός avec L. Dindorf. Il n’est nullement question de fleuve dans toute cette narration.