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Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 2.djvu/111

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n’y aura rien d’étonnant que notre phalange soit taillée en pièces par la quantité de traits et d’hommes qui fondront sur nous. Que cela ait lieu sur un point, et tout va mal pour la phalange entière. Mais si nous formons des colonnes droites, en laissant entre elles assez d’intervalle pour que les derniers loches dépassent les ailes de l’ennemi, de cette manière nous nous trouverons, avec nos derniers loches, dépasser la phalange ennemie, et à la tête de nos colonnes droites seront les meilleurs soldats, en même temps que chaque loche marchera par où le chemin sera le plus praticable. Il ne sera pas facile à l’ennemi de pénétrer dans les intervalles : il se mettrait entre deux rangs de piques ; il ne lui sera pas facile non plus de tailler en pièces un loche marchant en colonne. Si un loche fléchit, le plus voisin lui portera du secours ; et, dès que l’un d’eux aura pu gagner le sommet, pas un des ennemis ne tiendra. »

Cet avis est adopté : on forme les colonnes droites ; Xénophon se porte de la droite à la gauche et dit aux soldats : « Camarades, ces gens que vous voyez sont le seul obstacle qui nous empêche d’être déjà où nous désirons depuis longtemps arriver. Il faut, si nous pouvons, les manger tout crus. »

Lorsque chacun est à son poste et qu’on a formé les colonnes droites, il se trouve environ quatre-vingts loches d’hoplites, de près de cent hommes chacun. On partage en trois corps les peltastes et les archers ; on en fait marcher une division au delà de l’aile gauche, une autre au delà de l’aile droite, la dernière au centre : chacune de ces divisions était de près de six cents hommes.

Sur ce point, les stratèges ordonnent de faire des prières : on en fait et l’on s’avance en chantant un péan. Chirisophe et Xénophon, suivis des peltastes, marchent de manière à dépasser la phalange des ennemis. Les ennemis, les voyant arriver, courent à leur rencontre ; mais, en se portant sur la gauche et sur la droite, ils ouvrent leur phalange et font un grand vide au centre. En les voyant se séparer, les peltastes arcadiens, commandés par Eschine d’Acarnanie, croient qu’ils fuient, accourent de toutes leurs forces, et arrivent ainsi les premiers au sommet de la montagne. Ils sont suivis des hoplites arcadiens, commandés par Cléanor d’Orchomène.

Les ennemis, quand les Grecs commencent à courir, ne tiennent plus, mais prennent la fuite dans tonales sens. Les Grecs, arrivés en haut, cantonnent dans plusieurs villages pourvus de vivres abondants. Il n’y eut là rien qui parut extraordinaire si