Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 2.djvu/115

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aller chercher des vaisseaux, et nous, nous resterons ici. Par conséquent, ce qu’il vous convient de faire durant ce séjour, je vais vous le dire. D’abord il faut tirer des vivres du pays ennemi, car le marché ne suffit pas à nos besoins et nous n’avons la faculté d’acheter qu’à un petit nombre de marchands : de plus, ce pays étant ennemi, il y a risque que beaucoup des nôtres périssent, si vous vous avancez sans soin et sans précaution pour vous procurer des vivres. Je crois donc qu’il faut aller marauder à distance pour nous faire des provisions, que personne ne s’écarte, si nous voulons ne pas être perdus, et que nous y veillions tous. » Cet avis est adopté. « Écoutez encore ceci. Plusieurs d’entre vous iront à la maraude. Il est donc bon, je crois, que celui qui sortira nous prévienne et nous indique où il va, afin que nous connaissions le nombre des sortants et des restants, et que nous nous tenions prêts au besoin. S’il faut porter secours à quelqu’un, nous saurons où courir. Si quelqu’un sans expérience médite une entreprise, nous en délibérerons avec lui et nous tâcherons de savoir à quelle force il aura affaire. » On adopte cet avis. « Songez encore à ceci, dit Xénophon : l’ennemi de son côté peut piller à son aise, et il a le droit de nous tendre des pièges, puisque nous nous sommes approprié ce qui est à lui. Il est posté au-dessus de nous. Je crois donc qu’il faut des gardes tout autour du camp. Si nous nous divisons par compagnies pour garder et veiller, les ennemis auront moins de chances de nous surprendre. Voici encore une chose. Si nous avions la certitude que Chirisophe revînt avec une flotte capable de transporter l’armée, ce que je vais dire serait inutile. Mais comme en ce moment le fait est douteux, je suis d’avis de nous pourvoir ici même de bâtiments. Si nous les avons, quand il reviendra, nous n’en manquerons pas pour naviguer ; s’il n’en amène pas, nous userons de ceux d’ici. Je vois souvent des navires longer cette côte. Empruntons aux Trapézontins de longs navires ; amenons-les ici et gardons-les, après en avoir détaché le gouvernail, jusqu’à ce que nous en ayons un nombre suffisant ; peut-être alors ne manquerons-nous pas de moyens de transport. » Cette proposition est encore adoptée. « Examinez aussi, continue Xénophon, s’il n’est pas juste de nourrir à frais communs les gens que nous amènerons, durant tout le temps qu’ils resteront ici, et de convenir avec eux du passage, afin qu’ils profitent en nous profitant. » La proposition est accueillie, « Enfin, dit Xénophon, je suis d’avis, s’il nous est impossible d’arriver à nous