Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 2.djvu/119

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nuit, qui s’approchait, était effrayante. Les Grecs combattaient dans cette perplexité, lorsqu’une divinité leur offrit un moyen de salut. Tout à coup une maison de la droite s’enflamme sans que personne y ait mis le feu. À peine est-elle écroulée, que tous ceux des maisons de la droite prennent la fuite.

Xénophon, profitant de cette leçon du hasard, fait mettre le feu aux maisons de gauche : elles étaient de bois, elles s’enflamment bien vite. Tous ceux qui s’y trouvaient prennent la fuite. Ceux qu’on avait en tête inquiétaient seuls ; et il était évident qu’ils attaqueraient dans la retraite et à la descente. Xénophon ordonne alors à tous ceux qui sont hors de l’atteinte des traits d’apporter du bois et de le jeter entre eux et l’ennemi. Quand il s’en trouve assez, on y met le feu ; on met aussi le feu aux maisons voisines du fossé, pour donner de l’occupation à l’ennemi. C’est ainsi qu’on se retire à grand’ peine de cette place, ayant le feu pour barrière entre soi et les ennemis. Tout fut brûlé : ville, maisons, tours, palissades, et le reste, excepte la citadelle.

Le lendemain, les Grecs se retirent avec des vivres. Comme ils craignaient la descente vers Trapézonte, passage étroit et escarpé, ils font une fausse embuscade. Un Mysien d’origine, et qui portait le nom de son pays, prend avec lui quatre ou cinq Cretois, se poste dans un lieu fourré, et fait semblant de se dérober à la vue des ennemis ; or, leurs peltes d’airain, brillant par intervalles, les rendaient fort visibles. Les ennemis, voyant cela, ont peur de quelque embuscade. Cependant l’armée descend. Quand le Mysien la croit assez loin, il fait signe aux siens de fuir à toutes jambes ; puis, se redressant lui-même, il s’enfuit avec eux. Les Crétois, qui craignent d’être joints à la course, quittent le chemin et se sauvent en roulant de la montagne dans le bois. Le Mysien, qui fuit le long de la route, crie au secours : on le secourt en effet et on le ramène blessé. Ceux qui lui étaient venus en aide se retirent à reculons sous les traits de l’ennemi, auquel quelques Crétois renvoient des flèches : on arrive de la sorte au camp, tous sains et saufs.