Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 2.djvu/12

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avec près de quatre mille hoplites ; Proxène entre, suivi de quinze cents hoplites et de cinq cents gymnètes ; Sophénète de Stymphale amène mille hoplites, et Socrate d’Achaïe, cinq cents ; Pasion de Mégare, sept cents hoplites et autant de peltastes. Pasion et Socrate venaient du siége de Milet. Telles sont les troupes qui joignent Cyrus à Sardes.

Tissapherne, observant cela, et jugeant ces préparatifs trop considérables pour une expédition contre les Pisidiens, va trouver le roi le plus vite possible, suivi de cinq cents cavaliers. Le roi, instruit par Tissapherne de l’armement de Cyrus, se met en état de défense.

Cependant Cyrus, à la tête des troupes que j’ai dites, part de Sardes, traverse la Lydie, fait, en trois étapes, vingt-deux parasanges[1], et arrive au fleuve Méandre. La largeur de ce cours d’eau est de deux plèthres[2] ; il était traversé par un pont de sept bateaux. Cyrus le passe, fait une étape de huit parasanges à travers la Phrygie, et arrive à Colosses, ville peuplée, riche et grande[3]. Il y reste sept jours. Ménon, le Thessalien, l’y joint avec mille hoplites et cinq cents peltastes, Dolopes, Éniens et Olynthiens. De là, il fait en trois étapes vingt parasanges, et arrive à Célènes[4], ville de Phrygie, peuplée, grande et riche. Cyrus y avait un palais et un grand parc, rempli de bêtes sauvages, qu’il chassait à cheval, quand il voulait s’exercer, lui et ses chevaux. Au travers du parc coule le Méandre, dont les sources se trouvent dans le palais même : il coule ensuite à travers la ville de Célènes. Il existe encore à Célènes un autre palais fortifié du grand roi, aux sources mêmes du Marsyas, sous la citadelle. Le Marsyas traverse aussi la ville et se jette dans le Méandre : sa largeur est de vingt-cinq pieds. C’est là. dit-on, qu’Apollon, vainqueur de Marsyas, qui était entré en concurrence de talent avec lui, l’écorcha vif et suspendit sa peau dans l’antre d’où sortent les sources. Voilà pourquoi le fleuve s’appelle Marsyas[5]. Xercès, à son retour de Grèce, après sa défaite et sa fuite du combat, fit, dit-on, bâtir le palais et la citadelle de Célènes. Cyrus y séjourne trente jours. Cléarque,

  1. La parasange correspond à la lieue ancienne, c’est-à-dire à 4 kilomètres.
  2. Plus de 62 mètres. Le plèthre est de plus de 30 mètres.
  3. Au confluent du Méandre et du Lycus.
  4. Cette ville, si peuplée du temps de Xénophon, avait perdu sa splendeur du temps d’Alexandre.
  5. Cf. Quinte Curce, III, i, et Maxime de Tyr, Diss., VIII. Sur la légende mythologique d’Apollon et du satyre Marsyas, voyez une belle page d’Otfried Müller, Prolégomènes d’une mythologie scientifique, pages 110 et suivantes.