allais couvert de vos éloges ; et, par vous, les autres Grecs me faisaient un nom glorieux : je jouissais de la confiance des Lacédémoniens ; sans quoi, ils ne m’auraient pas député de nouveau vers vous. Aujourd’hui je m’en vais, calomnié par vous auprès de ces mêmes Lacédémoniens, haï, grâce à vous, de Seuthès, chez qui j’espérais que mes services, rendus par votre entremise, me feraient une retraite heureuse pour moi et pour mes enfants, si je devenais père. Et vous, pour qui je me suis fait tant d’ennemis, beaucoup plus puissants que moi, vous, dont les intérêts me préoccupent encore, voilà ce que vous pensez de moi. Vous me tenez, je ne m’enfuis pas, je ne cherche pas à m’échapper ; mais si vous faites ce que vous dites, sachez que vous tuerez un homme qui a si souvent veillé sur vous ; qui a bravé avec vous tant de fatigues, tant de dangers, et quand c’était son tour, et quand ce ne l’était pas ; qui, par la faveur des dieux, a érigé avec vous tant de trophées chez les barbares ; qui, pour vous empêcher de devenir les ennemis d’aucun des Grecs, a souvent lutté contre vous de tout son pouvoir. Vous pouvez maintenant, sans craindre, aller où bon vous semble, et sur terre et sur mer. Et, lorsque tout vous arrive à souhait, quand vous allez vous embarquer pour le pays où vous désirez aborder depuis longtemps, lorsque le peuple le plus puissant vous implore, qu’on vous donne une solde, que les Lacédémoniens, réputée aujourd’hui les plus forts, viennent vous trouver, c’est le moment que vous croyez devoir choisir pour me mettre le plus vite à mort ? Ce n’était plus cela quand nous étions dans le danger, ô les plus oublieux des hommes ! Vous m’appeliez votre père, vous juriez de vous souvenir toujours de moi, comme votre bienfaiteur. Ah ! ceux même qui viennent vous chercher ne sont pas si injustes ! Non, j’en réponds, vous se leur paraîtrez plus aussi bons, quand ils vous verront « e que vous êtes avec moi. » Cela dit, il cessa de parler.
Charminus de Lacédémone se lève et parle ainsi : « Pour moi, soldats, je ne crois pas que vous ayez raison de vous emporter contre cet homme. J’ai de quoi témoigner en sa faveur. Seuthès, quand Polynice et moi nous lui avons demandé quel homme était Xénophon, n’a rien trouvé à lui reprocher que d’aimer trop le soldat, ce fut son mot ; c’était même là une cause de brouille avec nous autres Lacédémoniens et avec Seuthès lui-même. »
Euryloque de Lousie, Arcadien, se lève ensuite et dit : « Il