l’infanterie marche la première, que la cavalerie mède la suite, et que, toutes les fois qu’on prendra du repos, qu’on fera halte pendant la route, on ait soin de détacher vers lui quelques cavaliers, pour leur donner les ordres nécessaires.
Ces dispositions faites, il commande aux Hyrcaniens de se mettre en tête. Ceux-ci lui demandent. : « Mais pourquoi n’attends-tu pas les otages que nous devons amener, afin d’avoir des garants de notre foi en te mettant en marche ? » Cyrus, dit-on, leur répond : « Parce que je songe que nous avons tous des garants dans nos courages et dans nos bras. Nous sommes dans une position telle que, si vous dites vrai, nous pourrons vous en récompenser ; si vous nous trompez, nous croyons que, loin de dépendre de vous, nous saurons, avec la protection des dieux, devenir les arbitres de votre sort. Du reste, Hyrcaniens, ajoute-t-il, puisque vous dites que vos compatriotes sont à la queue de l’armée, montrez-nous-les, dès que vous les découvrirez, afin que nous les épargnions. » Les Hyrcaniens, à ces mots, se mettent, selon son commandement, à la tête de ces troupes, tout pleins d’admiration pour sa magnanimité : ils ne redoutaient ni les Assyriens, ni les Lydiens, ni leurs alliés ; mais ils craignaient seulement que Cyrus ne jugeât d’un faible poids leur présence ou leur absence.
Pendant qu’ils marchent, la nuit étant survenue, on dit qu’une lumière brillante, partie du ciel, se répand sur Cyrus et sur l’armée, ce qui inspire à tous une frayeur religieuse et de la confiance contre les ennemis. Comme ils marchaient promptement et armés à la légère, ils font naturellement tant de chemin, qu’à la pointe du jour ils se trouvent à peu de distance du camp des Hyrcaniens. Les messagers les reconnaissent et disent à Cyrus que ce sont là les leurs. Ils ajoutent qu’ils les reconnaissent à leur place en queue et à la multitude des feux. Aussitôt Cyrus envoie l’un des messagers leur dire que, s’ils sont amis, ils viennent à lui au plus vite, la main droite levée : il adjoint à cet envoyé l’un des siens avec ordre de dire aux Hyrcaniens que, comme on les verra agir, on agira. Ainsi l’un des deux messagers reste auprès de Cyrus, tandis que l’autre va trouver les Hyrcaniens. Cependant Cyrus, afin d’observer comment les Hyrcaniens vont se comporter, ordonne à son armée de faire halte. Alors les chefs des Mèdes et Tigrane accourent vers lui au galop et lui demandent ce qu’il faut faire. Cyrus leur répond : « Ce corps, que vous voyez près de nous, sont les Hyrcaniens : un de leurs envoyés, accompagné de