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Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 2.djvu/300

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CHAPITRE IV.


Renvoi des captifs.


Peu après le milieu du jour, les cavaliers mèdes et hyrcaniens reviennent, amenant avec eux des chevaux et quelques prisonniers : tous ceux qui avaient rendu les armes ils les avaient épargnés. À peine arrivés, Cyrus commence par s’informer si personne d’entre eux n’est blessé. Sur leur réponse affirmative, il leur demande ce qu’ils ont fait. Ils lui racontent ce qu’ils ont fait et vantent chacune de leurs actions d’éclat. Cyrus les écoute avec plaisir et leur répond parce mot d’éloge : « On voit bien que vous vous êtes comportés en hommes de cœur : car vous avez l’air plus grands, plus beaux et plus fiers qu’auparavant. » Ensuite il les questionne sur les chemins qu’ils ont parcourus, sur la population du pays. Ils lui disent qu’ils en ont parcouru une grande partie, que le pays est très-peuplé rempli de brebis, de chèvres, de bœufs, de chevaux, de blé, de denrées de toute espèce. « Deux soins, dit alors Cyrus, nous regardent ; il faut assujettir les maîtres de ces biens et les contraindre à demeurer : un pays peuplé est une possession précieuse ; privé d’hommes, il est également privé de ses produits. Ceux qui ont voulu résister, vous les avez tués, je le sais ; vous avez bien fait : c’est le meilleur moyen d’assurer la victoire. Ceux qui ont mis bas les armes, vous les avez faits prisonniers : si nous les relâchons, nous ferons là un acte des plus avantageux, c’est mon avis. D’abord nous nous délivrerons du soin de nous garder d’eux, de les garder eux-mêmes et de les nourrir, notre intention n’étant pas de les laisser mourir de faim ; ensuite, en les relâchant, nous augmenterons le nombre des prisonniers : car, si nous nous emparons du pays, tous les habitants seront à nous, et, quand ils verront que nous avons donné la vie et la liberté à leurs camarades, les autres aimeront mieux rester et obéir que de combattre. Tel est mon avis : si quelqu’un en a un meilleur à proposer, qu’il parle. » Les écoutants sont unanimes pour qu’il soit fait ainsi.

Alors Cyrus, faisant assembler les prisonniers, leur parle ainsi : « Assyriens, dit-il, votre soumission vous a sauvé la