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Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 2.djvu/381

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une telle femme. Panthéa fait éloigner ses eunuques : « Afin, dit-elle, de m’abandonner, comme je veux, à ma douleur. » Elle ordonne à sa nourrice seule de rester, et lui recommande, quand elle sera morte, de couvrir son corps et celui de son mari du même tapis. La nourrice essaye par ses supplications de la détourner de son dessein ; mais, voyant que ses instances ne font que l’irriter, elle s’assied en pleurant. Panthéa, au même instant, tire un poignard, dont elle s’était depuis longtemps munie, se frappe, et posant la tête sur la poitrine de son mari, elle expire. La nourrice, poussant des cris douloureux, couvre les corps des deux époux, comme l’avait recommandé Panthéa. Bientôt Cyrus apprend l’acte de Panthéa ; il arrive tout bouleversé, pour voir s’il peut encore la secourir. Les eunuques, voyant ce qui s’est passé, tirent tous les trois leurs poignards, et se percent dans l’endroit même où elle leur avait ordonné de se tenir. Cyrus, après avoir assisté à ce triste spectacle, s’en va pénétré de douleur et d’admiration pour Panthéa. Par ses soins on rend aux morts les honneurs funèbres avec une très-grande pompe, et il leur fait élever un vaste monument. On dit que ce monument, érigé aux deux époux et aux eunuques, existe encore aujourd’hui, que sur une colonne élevée sont les noms du mari et de la femme écrits en caractères syriens, et que sur trois colonnes plus basses, on lit encore cette inscription : Porte-sceptres.


CHAPITRE IV.


Adusius met fin, par son adresse, aux factions des Cariens. — Hystaspe soumet la petite Phrygie. — Cyrus, suivi de Crésus, se dirige vers Babylone.


Vers le même temps, les Cariens, divisés en factions qui se faisaient la guerre entre elles, ayant du reste des habitations sur des lieux forts, implorent des deux parts le secours de Cyrus. Cyrus était alors à Sardes, faisant construire des machines et des béliers, pour battre les places qui refuseraient de se soumettre. Avec lui était Adusius, Perse qui ne manquait ni de prudence ni de talents militaires, et doué de plus du don de persuader. Cyrus l’envoie en Carie et lui donne une armée. Les Ciliciens et les Cypriotes demandent à faire partie de l’ex-