LIVRE VIII.
CHAPITRE PREMIER.
Ainsi parle Cyrus. Chrysantas alors se lève et dit : « Oui, souvent, mes amis, et en d’autres occasions, j’ai reconnu qu’un bon prince ne diffère point d’un bon père. Les pères pourvoient à ce que leurs enfants ne manquent jamais de biens ; de même Cyrus me semble nous donner des conseils à l’aide desquels nous devons vivre toujours heureux. Mais comme il me paraît être resté trop vague dans ce qu’il devait expliquer, j’essayerai d’y suppléer pour ceux qui ne savent pas. Considérez ceci : une ville ennemie a-t-elle jamais été prise par des troupes mal disciplinées ? Une ville amie a-t-elle jamais été défendue par de semblables troupes ? Une armée désobéissante a-t-elle jamais remporté la victoire ? Dans un combat, les hommes ne sont-ils pas plutôt vaincus, quand ils songent à pourvoir chacun à leur sûreté personnelle ? Quelle chose bonne a été accomplie par des hommes qui n’obéissaient pas à qui valait mieux qu’eux ? Quelles villes ont été bien gouvernées ? Quelles maisons bien administrées ? Quels navires conduits à leur destination ? Et nous, les biens que nous avons en ce moment, par quelle voie nous les sommes-nous procurés, si ce n’est par notre obéissance à notre général ? Grâce à cette obéissance, nous allions jour et nuit où il fallait aller, marchant serrés à la voix du chef ; notre choc était irrésistible, et nous ne laissions rien d’imparfait dans ses ordres. Si donc l’obéissance paraît le plus