Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 2.djvu/502

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construit des temples magnifiques, de magnifiques autels, des statues dignes de la majesté des dieux. Aussi, nombre de Grecs et de Barbares viennent-ils s’en procurer. Si donc il est des terrains qui. ensemencés, ne donnent point de récolte, fouillés, ils font vivre plus de monde que s’ils rapportaient du blé[1]. D’autre part, on ne peut nier que son minerai d’argent ne soit un bienfait du ciel, puisque, de tant d’autres villes situées dans les terres ou le long des côtes, il n’en est pas une seule où perce la moindre veine de ce métal. Il n’y a non plus rien de déraisonnable dans l’opinion de ceux qui placent cette ville-ci au centre de la Grèce, et même de la terre habitée. Car, à mesure qu’on s’en éloigne, on se sent plus incommodé du froid ou de la chaleur ; et ceux qui veulent voyager d’une extrémité à l’autre de la Grèce, tournent tous, soit par mer, soit par terre, autour d’Athènes, comme s’ils décrivaient une circonférence[2]. En outre, sans être environnée d’eau de toutes parts, Athènes jouit à son gré, comme une île, de tous les vents favorables à l’importation et à l’exportation ; car elle est entre deux mers ; puis, par terre, elle fait un très-grand commerce, à cause de sa position continentale. Un autre avantage aussi, c’est que, tandis que la plupart des autres villes sont à proximité des Barbares qui les incommodent, les Athéniens n’ont dans leur voisinage que des villes, presque toutes très-éloignées de ces mêmes Barbares.

  1. « L’extrême stérilité qui régnait dans l’intérieur des terres aux environs de Sunium, était, en quelque sorte, compensée par des mines d’argent, dont le principal rameau se prolongeait du sud au nord, depuis le monument de Thrasylle sur le mont Laurum, jusqu’à la hauteur du bourg de Bésa. » DE PAUW, t. I, p. 49.
  2. « Ceux qui voulaient se procurer le plaisir de faire le tour de toutes les côtes de l’Attique, devaient s’embarquer à Salamine, sur des bâtiments fort légers, doubler ensuite le promontoire de Sunium et venir mouiller dans le territoire des Oropiens à l’embouchure de l’Asope. Cette circomnavigation, évaluée dans les livres de marine du pilote Scylax à 4140 stades, est, selon les cartes modernes, de trente-six lieues de France. » DE PAUW, t. I, p. 83.