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meilleurs, désireraient une habitation à Athènes[1]. Enfin, si nous avions des patrons de métèques comme nous avons des patrons d’orphelins[2], et si l’on accordait une récompense à ceux qui réuniraient le plus de métèques, ce serait un moyen sûr de se concilier leur sympathie ; et, selon toute apparence, tous ceux qui n’auraient point ailleurs le droit de cité, voudraient devenir métèques à Athènes, et augmenteraient ainsi les revenus.



CHAPITRE III.


Des avantages à accorder aux marchands.


On dit que notre ville est des plus agréables et des plus avantageuses pour le commerce ; je vais le démontrer. Et d’abord, elle a pour les vaisseaux les plus belles et les plus sûres relâches : dès qu’on y a jeté l’ancre, on s’y repose à l’abri du gros temps. Mais, en outre, les marchands, dans la plupart des autres villes, sont forcés de faire un échange de cargaison, faute d’espèces ayant cours au dehors. À Athènes, on peut faire tous les échanges possibles d’objets utiles ; et, si l’on ne veut pas de cargaison, on peut embarquer de l’argent, marchandise excellente : car, où qu’on la vende, la recette dépasse les avances.

Si donc on proposait au tribunal de commerce une prime proportionnée à l’expédition équitable et prompte des affaires contentieuses, de manière à ce qu’on ne fût pas retenu en voulant mettre à la voile, cette mesure attirerait des marchands plus nombreux et plus empressés[3]. Ce serait aussi une chose belle et honorable d’assigner des places d’honneur aux marchands et aux pilotes, et d’accorder même le droit d’hospitalité à ceux qui paraîtraient utiles à l’État par l’importance de leurs vais-

  1. Pour ces emplacements, voy. de Pauw, t I, p. 69 et suivantes.
  2. La république se chargeait de nourrir tous les citoyens invalides el tous les orphelins dont les pères avaient péri dans les armées ou sur les flottes de l’État. « Cette institution, dit Platon dans le Ménéxène, fait un honneur infini à nos mœurs ; elle rendra notre nom immortel : elle est plus glorieuse que la plus belle des victoires, et plus sage que la plus sage des lois. » Cf. de Pauw, t. II, p. 60 et suivantes.
  3. « Xénophon voudrait qu’on donnât des récompenses à ceux des préfets du commerce qui expédient le plus vite les procès. Il sentait le besoin de notre juridiction consulaire. » Montesquieu, Esprit des lois, liν. XX, chap. XVIII.