Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 2.djvu/510

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Et ce qui se passe aujourd’hui nous prouve encore que jamais le nombre d’esclaves n’excédera la quantité de travaux qu’on y peut exécuter : les mineurs ne peuvent trouver ni le fond ni la On des gisements. Rien n’empêche, d’ailleurs, d’ouvrir de nouvelles mines comme par le passé ; car personne ne sait au juste li le minerai est plus riche dans les fouilles anciennes que dans celles qu’on pourrait faire.

Mais, dira-t-on. pourquoi ne voit-on plus, comme jadis, s’ouvrir de nouvelles mines ? C’est que, de nos jours, les métallurgistes sont trop pauvres. Ils reprennent sur nouveaux frais une mine abandonnée, ou bien ils courent le grand risque d’une exploitation nouvelle. Celui qui trouve une bonne exploitation s’enrichit, mais celui qui ne trouve pas perd toutes ses avances. Voilà pourquoi on ne veut pas aujourd’hui courir cette aventure.

Je crois toutefois avoir quelques conseils à donner sur les moyens d’ouvrir à coup sûr de nouvelles mines. Athènes se compose de dix tribus : que l’État accorde à chacune d’elles un même nombre d’esclaves, et qu’à chances communes elles ouvrent un filon nouveau : de cette manière, la découverte de l’une fera le profit des dix ; puis, si deux, trois, quatre, ou même la moitié fait une découverte, il est clair que l’entreprise sera encore plus avantageuse ; car les voir échouer toutes à la fois, c’est ce que le passé ne permet pas de supposer. Des particuliers même pourraient, en associant leur chance, tenter sûrement la même entreprise. Et ne craignez point que l’exploitation par l’État nuise aux particuliers ou celle des particuliers à l’État : plus il se réunit d’alliés, plus on a de forces mutuelles ; de même plus il y aura d’exploiteurs de mines, plus ils trouveront et plus ils produiront de revenus. Tel est le plan dont l’exécution mettrait, selon moi, la république en état de faire vivre tous les Athéniens de leur propre fonds.

Si l’on calcule qu’il faut pour tout cela de grandes avances, et si l’on s’imagine qu’il est impossible de trouver jamais les fonds nécessaires, qu’on se rassure. Nous ne sommes pas placés ici dans la nécessité d’exécuter tout à la fois ou de ne retirer aucun profit ; mais tout ce qui se fera ainsi, bâtisses, constructions navales, achats d’esclaves, sera d’un rapport immédiat. Je vais plus loin : il sera plus avantageux de procéder par fractions que d’entreprendre tout ensemble. En construisant beaucoup à la fois, on dépense plus, et on fait moins bien qu’en opérant successivement : en demandant partout des esclaves, on est forcé de les acheter moins bons et plus cher ; tandis