Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 2.djvu/92

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Euryloque de Lousie, Arcadien, l’un des hoplites, court à lui, le couvre de son bouclier, et tous deux se retirent ainsi, pendant que les autres rejoignent les troupes formées en bataille.

Toute l’armée grecque, se trouvant alors réunie, cantonne dans de nombreuses et belles maisons, où abondent les vivres. Il y avait tant de vin qu’on le gardait dans des citernes cimentées, Xénophon et Chirisophe, par voie de négociation, obtiennent des morts en échange de leur guide, et ils font tout pour rendre de leur mieux à ces dépouilles mortelles les honneurs dus à des hommes courageux.

Le lendemain, on marche sans guide : les ennemis, combattant et gagnant les devants partout où la route devenait étroite, ne cessent de barrer le passage. Quand ils arrêtaient la tête, Xénophon, avec l’arrière-garde, gravissait les montagnes et dissipait l’obstacle posté en travers de la route, en essayant de se placer au-dessus des ennemis. Quand l’arrière-garde était attaquée, Chirisophe, se mettant en marche et s’efforçant de gravir au-dessus des ennemis, dissipait l’obstacle qui traversait la route, et la frayait à l’arrière-garde. Par là, ils se prêtaient continuellement un mutuel secours, et veillaient attentivement les uns sur les autres. Il y avait des moments où les Barbares inquiétaient beaucoup la descente des troupes qui avaient monté : ils étaient si agiles qu’on ne pouvait les joindre, quoiqu’ils partissent de près : et, de fait, ils ne portaient qu’un arc et une fronde.

C’étaient d’excellents archers : ils avaient un arc de près de trois coudées, avec des flèches de plus de deux : pour les décocher, ils tiraient les cordes vers le bas de l’arc, en y appuyant le pied gauche. Leurs flèches perçaient les boucliers et les cuirasses. Les Grecs, qui en ramassaient, s’en servaient en guise de dards, après y avoir mis des courroies. Surtout ce terrain les Crétois rendirent de très-grands services : ils étaient commandés par Stratoclès de Crète.