Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 2.djvu/99

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Il ajoute que Tiribaze se prépare a attaquer les Grecs au défilé de la montagne, où il n’y a qu’un seul passage.

D’après ce rapport, les généraux sont d’avis de rassembler l’armée : aussitôt ils laissent une garde commandée par Sophénète de Stymphale, et marchant, prenant le prisonnier pour guido. Quand on a franchi le haut des montagnes, les peltastes, qui avaient pris le devant, n’ont pas plus tôt aperçu le camp de Tiribaze que, sans attendre les hoplites, ils y courent à grands cris. Les Barbares, en entendant ce bruit, ne tiennent pas bon, mais s’enfuient. On tue cependant quelques Barbares : on prend environ vingt chevaux, ainsi que la tente de Tiribaze et, dans cette tente, des lits à pieds d’argent, des vases à boire, avec des gens qui se disent ses boulangers et ses échansons. Les stratèges des hoplites, en apprenant le fait, croient bon de revenir au camp au plus vite, de peur que la garde qu’ils y ont laissée ne soit attaquée. Ils font aussitôt sonner de la trompette, et ce même jour ils reviennent au camp.


CHAPITRE V.


Tristes effets de la neige. — Intensité du froid. — Disette. — Attaque de l’ennemi. — Arrivée à des villages, où l’on se remet des épreuves qu’on vient de subir.


Le lendemain, on croit devoir marcher le plus vite possible, avant que l’ennemi se rallie et occupe les défilés. On plie bagage, et l’armée s’avance à travers une neige épaisse, sous la conduite de plusieurs guides. Le même jour, on arrive au delà des montagnes où Tiribaze devait attaquer les Grecs, et l’on y campe. De là on fait trois étapes dans le désert, le long de l’Euphrate, qu’on passe ayant de l’eau jusqu’au nombril. On disait que la source de ce fleuve n’était pas éloignée. On fait ensuite quinze parasanges en trois jours, dans une plaine couverte de neige. Le troisième jour fut rude : le vent borée, soufflant debout, brûlait et glaçait les hommes. Un des devins fut d’avis de sacrifier au vent : on égorge une victime, et tout le monde constate que la violence du vent paraît cesser. La neige avait une brasse d’épaisseur, de sorte qu’il périt beaucoup de bêtes de somme, d’esclaves, et une trentaine de soldats.