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MÉMOIRES DE HIOUEN-THSANG, L. I.

tomne, pendant plusieurs dizaines de jours, les religieux de tous les royaumes viennent en cet endroit et s’y rassemblent. Depuis le roi jusqu’aux hommes du peuple, tout le monde quitte ses affaires, et observe fidèlement le jeûne et l'abstinence. Ils reçoivent les instructions sacrées, et entendent l'explication de la loi. Ils passent ainsi des jours entiers sans songer à la fatigue.

Dans tous les couvents, on pare richement la statue du Bouddha, on l'orne de pierres précieuses, on la couvre de vêtements de brocard, et on la promène sur un char. Cela s’appelle faire marcher la statue. Les religieux, réunis par milliers, se rendent en foule au lieu de l’assemblée. Ordinairement, le quinzième et le dernier jour de la lune, le roi et ses ministres délibèrent sur les affaires de l’état; ils consultent des religieux éminents et publient ensuite leurs décisions.

Au nord-ouest du lieu de l’assemblée, on passe un fleuve et l'on arrive au couvent ’O-che-li-ni[1] (Açalini ? sañghârâma), dont les salles sont hautes et spacieuses. La statue du Bouddha est travaillée avec art et richement parée ; les religieux ont un maintien grave et respectueux, et s'acquittent de leurs devoirs avec un zèle infatigable. Tous sont des vieillards d’une vertu consommée, qui possèdent de vastes connaissances et des

  1. En chinois, khi-te « extraordinaire ». Je ne trouve, en sanscrit, aucun mot du même sens qui réponde à l'épithète açalini, dont, au reste, la terminaison féminine ne saurait s'accorder avec le mot sañghârâma. Cette transcription a lieu de surprendre dans Hiouen-thsang, qui, d'ordinaire, écrit correctement les mots indiens dont il donne le sens.