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Chaque membre de la famille donna un petit souvenir à Walter pour l’anniversaire de sa naissance, qui précéda de deux jours son départ. Charles fut le seul qui ne lui fît aucun présent, disant qu’il ne voulait pas fêter son départ.

— Vous ne savez pas, lui dit-il, combien je vais m’ennuyer jusqu’à votre retour. C’était un plaisir pour moi que de vous observer, car vous êtes justement ce que je voudrais être si j’étais libre.

— Ne parlez pas ainsi, Charles.

— Seulement, je ne serais pas assez fou pour perdre tant d’heures à étudier, quand je pourrais courir, monter à cheval, chasser !

— Je crains de vous avoir causé souvent de la peine en parlant trop vivement de ces plaisirs-là.

— Oh ! non, vous me les faisiez partager avec vous.

Charles soupira, puis il ajouta :

— Et maintenant vous allez partir pour Oxford, vous prendrez votre place parmi vos contemporains, on parlera de vous, vous serez quelque chose, tandis que moi… Je sais qu’on me croit des talents… qu’on m’accuse de paresse ; mais à quoi me servirait-il de travailler ? Ah ! si je n’étais pas condamné à cette vie, si je n’étais pas enchaîné ici, M. Philippe ne serait pas le seul dont on parlât dans la famille.

— Vous pourriez certainement faire beaucoup, si vous le vouliez.

— Vouloir ? Que me servirait-il de vouloir ?

— Il n’est pas permis de laisser nos talents sans