Page:Yonge - L'héritier de Redclyffe, Vol 1, 1855.djvu/120

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 114 —

qu’il nous suffise de nous connaître l’un l’autre ; ne confions à personne notre amour.

Laura eut l’air surpris. Elle considérait toujours les affections comme des choses trop sacrées pour qu’on en parlât.

— Comment pourrais-je parler de mon bonheur ? dit-elle. Mais les voici qui reviennent !

Pauvre madame Edmonstone ! Elle se doutait peu que, pendant qu’elle récoltait ses champignons, sa fille bien-aimée avait engagé ses affections sans le lui dire ; elle se doutait peu que le neveu pour qui elle avait tant d’estime avait abusé de sa confiance !

Comme elle approchait avec ses plus jeunes filles, Philippe s’avança au-devant d’elle pour donner à Laura le temps de se remettre. La conversation ne fut pas longue ; car, après avoir répondu à quelques questions sur la revue et sur le bal, il dit que, puisqu’il avait eu le plaisir de rencontrer sa tante et ses cousines, il n’irait pas à Hollywell, et, les ayant saluées, il partit.

Philippe s’en retournait avec des sentiments très différents de ceux qui l’avaient dernièrement agité. Laura et lui ne s’étaient fait aucune promesse formelle, et, pour le moment, il ne pouvait pas être question de mariage, vu la position du jeune homme. Mais ils s’étaient réciproquement avoué leur amour ; un amour plus profond que passionné, qui s’était développé peu à peu, et, à présent que Philippe ne craignait plus rien de Walter, il sentait que ce secret pouvait être gardé aussi longtemps qu’on le voudrait