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le prévint qu’il y aurait un dîner le jeudi, sachant qu’il ne les aimait pas, et pensant qu’il choisirait un autre jour pour sa visite ; mais il choisit immédiatement ce même jeudi. Il trompa encore l’attente de chacun lorsqu’il fut question de sortir. Madame Edmonstone et Charles allaient se promener en voiture, et les jeunes demoiselles à pied. Philippe, au lieu d’offrir à ces dernières de les accompagner, aima mieux aller avec son oncle examiner ses blés.

Laura devina qu’il ne voulait pas risquer de faire avec elle une promenade, pendant laquelle ils pourraient être observés. C’était lui montrer une grande confiance que de la laisser ainsi à son rival ; mais elle était affligée de voir que toutes ces précautions l’empêcheraient de vivre avec Philippe dans la même intimité qu’autrefois. Elle serait volontiers demeurée à la maison, si elle n’avait su que sa maman craignait de laisser sortir sans elle les autres enfants, quand Walter et l’étourdie Eveline étaient de la partie.

Elle trouva quelque consolation dans la poignée de main qu’elle échangea avec Philippe avant de sortir, et ce fut sur ce souvenir qu’elle vécut longtemps. Pour lui, il demeura auprès de la fenêtre à l’observer jusqu’à ce qu’elle fût hors de la portée de sa vue ; puis il se tourna vers sa tante qui écrivait un billet d’invitation à M. Thorndale.

— Je pensais, dit-il d’une voix basse, que, si cela ne vous dérangeait pas, vous feriez plaisir à Thorndale de ne pas l’inviter seulement à dîner, mais à passer ici les deux ou trois jours que j’y serai.