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vent mon avis, et quoique je ne prétende pas le gouverner, cependant il faut qu’il puisse avoir confiance dans mon jugement.

— Il y a bien longtemps que je vous reprochais ce défaut de fermeté !

— Oui, avant son arrivée, mais je ne l’ai jamais oublié.

Laura fut obligée de sortir avec Eveline : Amy se promena seule au jardin pour se remettre de son trouble. Mais il redoubla encore lorsque, achevant de s’habiller pour le dîner avec l’aide de Laura, elle entendit dans le passage la voix de son père, qui lui demandait la permission d’entrer. Elle ouvrit sa porte et il la prit dans ses bras.

— Eh bien, mademoiselle Amy ! vous avez fait de bel ouvrage en mon absence. C’est joli, une jeune fille qui accepte un amant sans en prévenir son père ! Qu’en dites-vous, Laura ?

Amy vit bien qu’il était ravi, mais ce discours ne fut pas du goût de la pauvre Laura.

— Ainsi vous avez fait une conquête ! Je vous souhaite bien du bonheur. C’est le plus charmant garçon que je connaisse, et je parlerais de même s’il ne possédait pas un sou.

Laura fut troublée ; elle savait bien que, si Walter eût été aussi pauvre que Philippe, la satisfaction de son père aurait bien diminué.

— Je lui écrirai ce soir, continua-t-il et je lui dirai que, puisqu’il a eu assez mauvais goût pour vous choisir, je ne m’y opposerai pas. Faut-il ?