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— On en a parlé ; mais qui la payerait ?

— Moi, sans doute.

— Payer deux maîtresses d’école ! et l’une des deux pour ne rien faire !

— Pourquoi pas ?

— Je ne vois pas ce qui empêcherait Jenny de tenir l’école aussi bien que par le passé.

— Nos gens ont besoin d’instruction.

— Ne me parlez pas de les instruire, monsieur Walter, ou nous ne serons jamais en paix.

— Nous verrons ce qu’on pourra faire pour la vieille Jenny ; quant à la maison d’école, il faut la changer.

Markham était un vice-roi des moins flexibles, mais il ne résistait pas à un « il faut » de ses maîtres ; et Walter prononçait ce mot d’une manière digne de ses ancêtres. L’intendant se contenta de grommeler entre ses dents, et Walter vit que, pour le mettre de bonne humeur, il fallait lui parler de ses neveux et de ses nièces. La soirée se passa donc assez bien, et Walter ne se trouva pas aussi isolé qu’il l’avait craint. Mais, quand Markham se fut retiré, et qu’il se trouva seul devant le feu dans cette vaste salle, où il n’était jamais rentré depuis le jour qu’il avait trouvé son grand-père mourant dans le même fauteuil, ses pensées se reportèrent vers les jours d’autrefois. Il y avait une certaine mélancolie dans le caractère de Walter ; et il lui semblait par fois qu’il était destiné à porter la peine des fautes de ses pères. Mais il se reprochait ce sentiment, et, relevant sa tête, qu’il avait appuyée contre la cheminée de chêne sculpté :