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cria Markham avec colère. M. Walter sait mieux son devoir. Rendez-moi ma lunette.

Markham se mit à observer en silence, tandis que Brown continua de faire part aux autres de ce qu’il voyait.

— Ah ! je les vois. Où sont-ils donc ? Ils grimpent au rocher ; ils se trouvent sur un brisant… Je ne les vois plus… Oui, je les vois ! Voilà le bonnet rouge. On s’agite sur le roc !

Ils restaient ainsi en observation : il y eut un intervalle pendant lequel les bateaux disparurent derrière le rocher ; puis on les vit avancer de nouveau sur les lames. D’abord un, puis tous les deux, et plus chargés qu’au départ. Ils approchaient rapidement, et paraissaient toujours plus grands ; chacun put bientôt les distinguer s’élevant au sommet des flots, puis plongeant dans l’abîme, si longtemps quelquefois qu’on craignait qu’ils ne reparussent plus, mais ils remontaient encore. Un long cri de joie se fit entendre enfin au milieu de la tempête. On répondit du rivage. À ce moment le soleil se levait et dorait de ses rayons le sommet des vagues et leur écume blanchissante, qui se jouait toujours sur les flots verts, autour des grands rochers, brillant, comme le vaisseau naufragé, de la lumière matinale. Les cieux étaient d’un bleu magnifique, quoique parsemés de nuages sombres, mais plus clairs vers les bords, et les deux embarcations, marquant leur passage par une trace lumineuse, s’approchaient de plus en plus. Le bateau de Martin fut le premier à toucher la terre.