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ne rie d’elle, ou que je prenne ce nouveau venu en aversion. Je suis toujours bien aise quand Philippe est absent, et, si seulement on pouvait cesser d’entendre chanter ses louanges, on aurait ici quelque repos. Si je croyais que son cousin fût aussi une perfection, je ne me soucierais plus du tout de lui. Mais non ; il n’a pas pour rien ces yeux de faucon !

Depuis ce jour les yeux de faucons brillèrent avec plus d’éclat ; Walter parut prendre quelque intérêt à ce qui se passait autour de lui. Il y eut un jour à Hollywell une petite réunion de jeunes personnes du voisinage. On riait, et l’on disait mille folies autour de Charles. Walter, assis un peu à l’écart, écoutait en silence : Laura, profitant du bruit, lui dit à demi-voix :

— Vous ne trouvez pas cela bien sensé ?

Et comme il avait l’air d’hésiter à répondre :

— Parlez sans gêne ; Philippe et moi, nous sommes assez d’avis que c’est dommage de perdre le temps à rire et à dire des folies.

— N’est-ce, en effet, que des folies ?

— Écoutez… non ! c’est trop absurde.

— Dire des folies doit être une excellente chose, puisque cela rend si heureux, répondit Walter. Regardez-les ; n’est-ce pas comme… non pas comme un tableau, qui n’a pas de vie, mais comme un songe, ou peut-être comme une scène de théâtre.

— N’avez-vous jamais assisté à pareille assemblée ?

— Non, je n’ai jamais assisté qu’à des visites de cérémonie, où chacun était raide et parlait tour à