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tourne en ridicule. Mais il est fort tard ! Bonne nuit.

Le lendemain, le froid se changea en pluie ; elle ruisselait contre les fenêtres avec une violence qui parut plaire à Walter et à Philippe.

Walter se demandait si le torrent de Redclyffe ne déborderait pas ; et ses cousins écoutaient la description qu’il leur faisait des soudaines inondations que ce torrent causait, entraînant tout dans sa course, formant dans les vallées des lacs, au milieu desquels les collines se trouvaient changées en îles, et les arbres, à demi submergés, paraissaient des touffes de verdure portées sur les eaux.

— Il me semble avoir entendu raconter, dit Philippe, que vous avez couru le risque de vous noyer dans un de ces débordements ?

— C’est vrai, dit Walter ; mais j’en fus quitte pour un bain.

— Oh ! racontez-nous cela ? demanda Amy.

— Je regardais le courant impétueux, lorsque je le vis entraîner un malheureux vieux bélier dont les bêlements lamentables el les efforts désespérés excitèrent ma compassion. Je quittai mon habit, et je me jetai à l’eau pour le secourir. C’était un acte bien irréfléchi, car le courant était trop fort pour moi. — Il y a deux ans de cela. — De plus, l’animal était très lourd, et ne semblait pas comprendre mes bonnes intentions. Je fus donc entraîné du côté de la mer, avec la perspective de rencontrer bientôt de nombreux rochers sous l’eau. Heureusement un vieil arbre caché sous les flots, me tendit ses bras protecteurs ; il arrêta