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— Ce ne sont pas ses conseils qui m’ont fâché. Ils étaient excellents, je lui en sais bon gré… Ce qui m’a irrité, oui, je dois le dire, c’est le ton de supériorité qu’il a pris ; c’est son mépris pour tout ce qu’on m’a enseigné. Je trouvais qu’il me faisait trop sentir la différence de ses talents aux miens, après la faute que j’avais faite ce matin. Certainement je n’ai pas dû lui donner une haute opinion de ma science ; qu’il me rabaisse tant qu’il voudra, mais non pas ceux qui m’ont enseigné. Ce n’est pas la faute de M. Potts si je suis ignorant.

Madame Edmonstone se sentit touchée.

— Il faut vous souvenir, dit-elle, qu’aux yeux d’un homme élevé dans une école publique, rien ne remplace le manque d’une forte éducation classique. Mais je ne doute pas que les paroles de Philippe n’aient été propres à vous impatienter.

— Je ne cherche pas à m’excuser, je vous assure, Madame, et je suis très affligé, parce que je croyais avoir surmonté mon impatience naturelle. Après tout ce qui s’est passé, tout ce que j’ai éprouvé, je croyais impossible… N’y a-t-il donc pas d’espérance ?

Il couvrit sa figure de ses mains ; puis, se remettant bientôt, il se tourna vers madame Edmonstone et il reprit :

— Est-ce trop compter sur votre bonté, que de venir vous troubler par mes confessions ?

— Non, non, certainement. Nous sommes convenus que vous viendriez à moi comme le ferait un de mes enfants. Et vraiment, je ne vois pas pourquoi