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avec eux. Plus tard il est parti pour l’Amérique.

Walter écoutait avec attention. Il n’y avait pas longtemps qu’il connaissait les circonstances de la mort de ses parents. Son grand-père l’avait élevé avec une sollicitude extrême, et avait éloigné de lui, autant que possible, toutes les tentations et jusqu’à la connaissance du mal. Aussi avait-il toujours été fort heureux, et avait mené une vie active et gaie, quoique la solitude l’eût rendu plus rêveur qu’on ne l’est d’ordinaire à cet âge. Il s’était toujours montré extrêmement dévoué à son grand-père, qu’il regardait comme le meilleur des hommes, et se figurait que ses vertus effaçaient la tache laissée sur la famille par les crimes de sir Hugh. Mais, quand Walter eut atteint l’âge qui avait été si fatal à ses pères, le vieillard crut devoir lui conter sa propre vie pour lui servir de leçon.

Il lui avoua toutes ses fautes, qui lui semblaient d’autant plus odieuses qu’il se les rappelait à travers une longue suite d’années de repentir. Il lui fit le tableau de sa vie, d’abord oisive et insubordonnée, puis de sa passion pour le plaisir et de son mépris de toute contrainte, jusqu’à ce que ces folies de jeune homme se fussent changées en vices, et que le vice l’eût conduit au crime.

Il n’avait pas eu moins de trois duels, dont un seul ne s’était pas terminé d’une manière tragique. Sa douleur, après la fatale issue du premier, avait été fort près de le réformer ; mais le temps affaiblit ce souvenir ; le tourbillon des plaisirs acheva de l’effa-