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Page:Yonge - L'héritier de Redclyffe, Vol 2, 1855.djvu/10

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possible pour m’instruire et me développer, mais je sens très bien que je ne serai jamais une de ces femmes supérieures et distinguées que tout le monde admire.

— Le ciel vous en préserve ! s’écria Walter, effrayé peut-être par ses souvenirs de Saint-Mildred.

— Mais, continua-t-elle, je désire sérieusement me corriger de mes défauts, qui sont nombreux. Vous m’avez déjà donné un bon exemple, en m’apprenant à supporter les contrariétés de la vie ; ainsi… Elle sourit à travers quelques larmes. Si vous voulez vous contenter d’une petite personne bien ordinaire, ce n’est pas ma faute, et l’on tâchera d’en tirer le meilleur parti possible. Seulement, Walter, ne me dites plus que je pourrais être heureuse sans vous. J’aimerais mieux partager tous vos malheurs, si seulement ma faiblesse ne les aggrave pas.

— Encore un mot, chère Amable ; je ne veux pas que vous ignoriez la violence de mon caractère, avant que vous vous donniez à moi. Amy, mes premiers sentiments à l’égard de Philippe ont été des pensées de meurtre !

Elle leva les yeux, et vit qu’il parlait sérieusement.

— Votre premier sentiment, murmura-t-elle, mais non pas le second !

— Oui, le premier, le second, le troisième ! Il y a eu un moment où j’aurais vendu mon âme pour me venger !

— Un moment !

— Un moment, grâce au ciel ! et dès lors je ne