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ce fût là son dernier rayon d’espérance. Pour lui, il essaya longtemps d’obéir à cet ordre du médecin, en disant chaque fois « Merci ! » d’une manière touchante. Mais à la fin il dit : « C’est inutile, je ne puis. » Alors elle comprit que tout était fini, et s’assit auprès de lui en le regardant sans cesse. L’obscurité diminuait, et le jour commençait à poindre. Il s’endormit encore, mais sa respiration devenait plus courte. Amy essuyait sur son front la sueur de l’agonie !

La lumière du matin éclairait la chambre ; les cloches de l’église sonnaient les matines ; les blancs sommets des montagnes se teignaient de rose ; le pouls de Walter était presque insensible, sa main froide ; enfin il ouvrit les yeux :

— Amy ! dit-il, comme effrayé ou souffrant.

— Ici, mon bien-aimé !

— Je n’y vois pas.

Dans ce moment le soleil levant inondait le lit de ses rayons par la fenêtre ouverte ; mais c’était la lumière d’un autre monde qui l’éclairait, au moment où le plus beau des sourires vint illuminer sa figure, et où il dit : « Gloire dans les cieux… paix… bonne volonté !… » Il fit encore un effort pour respirer, et dit d’une voix étouffée : « Priez ! » Amy pria, et, dans le moment où elle dit : « Amen ! » elle vit qu’il ne souffrait plus. L’âme de Walter était auprès de son Sauveur, et sa dépouille mortelle demeurait seule sur le lit. Amy ferma les paupières frangées de ces beaux yeux… Elle voyait cette figure plus belle et plus calme que dans le sommeil, et s’agenouilla auprès du lit.