Aller au contenu

Page:Yonge - L'héritier de Redclyffe, Vol 2, 1855.djvu/202

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 196 —

— Voulez-vous, s’il vous plaît, donner la chose à Arnaud quand ce sera prêt ? Il l’enverra à l’homme chargé de faire la croix. J’espère que les habitants le respecteront.

— Je vous remercie, dit Philippe. Mais, quoique je ne veuille rien changer à ce que vous aurez choisi, il y a un passage qui me semblerait bien à propos : « Personne n’a un plus grand amour. »

— Je sais ce que vous voulez dire, dit-elle ; mais le sens de ce passage est trop élevé pour qu’il eût aimé qu’on le lui appliquât.

— Et d’ailleurs, quel droit ai-je de le citer ? dit Philippe avec amertume. Non, écrivez plutôt ces paroles : « Si ton ennemi a soif, donne-lui à boire, et en faisant ainsi tu amasseras des charbons ardents sur sa tête… » Ils brûlent déjà sur la mienne, dit-il en portant la main à son front.

— Ne parlez pas ainsi ; vous savez que, même au plus mauvais moment, il vous regardait comme un ami sincère.

Philippe gémit ; et elle crut devoir passer à un autre sujet.

— J’aime mieux ce que j’ai choisi, dit-elle ; cela fera peut-être du bien à ces Italiens de voir que les protestants ont le même Credo.

Après une pause, pendant laquelle il regardait le papier, elle reprit :

— Voulez-vous m’écrire quelquefois ? Je serais bien aise d’avoir de vos nouvelles.

— Oui, je vous remercie, répondit-il avec un