— J’aime mieux que personne ne voie le reste. Il se reproche tellement d’avoir fait ce malheureux voyage à Sondrio, qu’il dit des choses qui sont pénibles à entendre. Je suis bien aise qu’il soit en état d’aller rejoindre son régiment, car un changement lui fera du bien.
Elle posa sa tête sur l’oreiller, comme si elle en avait dit assez sur ce sujet, et Laura, n’osant pas continuer, descendit auprès de sa mère. Madame Edmonstone était bien aise d’avoir son fils, avec qui elle put parler de Philippe pendant que Laura était absente. Quand celle-ci rentra, madame Edmonstone recommença à parler d’Amy. Elle dit que, pendant tout le voyage, Amy avait été aussi passive et aussi tranquille que possible, couchée dans la voiture et gardant le silence. Seulement, quand on avait commencé à perdre de vue le sommet des montagnes, elle s’était penchée pour les regarder jusqu’à ce qu’elles eussent disparu. Malheureusement elle ne pouvait dormir, et elle n’avait pas encore versé une larme. Madame Edmonstone en était fort inquiète, disant qu’Amy se ressentirait plus tard de ce calme extraordinaire. Enfin elle était arrivée, et, quoi qu’il survînt, ce serait moins malheureux qu’en pays étranger.
Après une autre nuit de repos sans sommeil, Amable se leva à l’heure ordinaire, et s’habilla en costume de veuve dans la même chambre où elle s’était habillée de son costume de mariée. Charles fut surpris de la voir entrer dans le cabinet de toilette avant le déjeûner, comme autrefois ; elle lui fit une lecture, d’une