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Page:Yonge - L'héritier de Redclyffe, Vol 2, 1855.djvu/224

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tomba pas tout à fait malade avant de s’être embarqué et d’être entouré d’amis. Longtemps encore après que la fièvre eut disparu, et que ses forces furent revenues, son esprit continua d’être égaré, et, quand enfin le délire cessa, il ne put retrouver la faculté de penser ; la mémoire lui échappait, et cette confusion d’idées, plus pénible que la souffrance ou la faiblesse du corps, aucun remède ne la pouvait soulager.

La première chose qu’il put se rappeler plus tard, ce fut d’avoir été assis dans un fauteuil auprès de la fenêtre ouverte, et obligé de détourner la vue de la baie de Corfou, dont les vagues brillantes l’éblouissaient, avec les vaisseaux d’Ulysse, transformés en rochers, éclairés par le soleil, et les collines bleues de l’Albanie dans le lointain.

James Thorndale était alors auprès de lui, comme toujours, lui expliquant que le colonel et le médecin avaient eu une consultation ensemble, et avaient reconnu qu’il ne pourrait se remettre complétement dans ce climat et au printemps.

— Au printemps ! s’écria Philippe. Sommes-nous au printemps ?

— À peine, mais il n’y a pas d’hiver ici. C’est le 8 janvier.

Le malade laissa retomber sa tête, et apprit avec indifférence qu’on allait le renvoyer en Angleterre, sous la garde de son domestique Bolton et de M. Thorndale lui-même, qui ne voulait pas le quitter avant de l’avoir remis entre les mains de sa sœur. Il ne fit pas d’objections, car il avait pris l’habitude d’être soumis